Un brin d'amour

Une femme éreintée à en pleurer. Le choix de cette fatigue contre l’indifférence des gens. La partie inégale qui se joue entre une foule et une femme, seule au milieu de cette foule, parce qu’elle ne rencontre ni sourire ni compréhension….

Ces circonstances du premier Noël se répètent aujourd’hui, dans un certain sens, pour d’innombrables femmes. De Bethlehem, le drame s’est transporté dans nos magasins rutilants : des milliers de vendeuses broyées de fatigue… et ce serait supportable s’il n’y avait pas ce choc, tout le temps, avec la foule exigeante, indifférente, cette foule acheteuse, monstre sacré de décembre, qui envahit, qui veut, qui réclame…

Bien sûr, il faut que les affaires se fassent…. Mais si au moins on y mettait, pour les vendeuses, un sourire, un peu de gentillesse, un mot rafraîchissant. Quand se déroulent, dans le monde, des événements auxquels on ne peut rien, il faut agir d’autant plus là où l’on peut quelque chose.

L’étable de Bethlehem a été transformée par une brassée de paille fraîche. Du regard, de la voix, on pourrait bien, nous aussi, pour celles qui sont au bord des larmes, en apporter un brin.

P. Zeissig