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19 décembre 2021

A méditer


 

La profondeur des choses


« On allait à l’épicerie : nos parents nous y envoyaient. Mais on y allait avec un petit papier.

Sur ce papier, il y avait la liste, soigneusement établie, des choses nécessaires. Et on les demandait à l’épicière, l’une après l’autre. Et jamais on nous aurait vu demander quelque chose de plus qui n’aurait pas été dans la liste.

Aujourd’hui, l’épicerie est devenue grande surface. Là, on ne parle plus à l’épicière. On se promène au milieu de la marchandise, et c’est elle qui nous parle : « Prends-moi, choisis-moi, emmène-moi ! » Nous murmure chaque article de chaque rayon.

Aujourd’hui, on ne suit plus la petite liste de ce dont on a besoin. On écoute souvent les voix innombrables de ce dont on a envie. On est gâté ! Seulement, ce mot est grave : et si on était vraiment en train de se gâter, c’est-à-dire d’aller gentiment vers la pourriture plutôt que vers la vie ?

Et si, à force de « grandes surfaces », on était en train d’oublier la profondeur, la profondeur des choses nécessaires. Jésus disait : « il n’y a qu’une chose nécessaire. »

Si on savait ce que c’est, peut-être qu’il faudrait l’écrire sur un petit bout de papier, pour ne pas oublier d’y penser. »

P. Zeissig